Avis #7 : Les vacances du petit Renard - Arthur Cahn
Les vacances du petit
Renard d’Arthur Cahn n’était pas parvenu jusqu’à moi lors de sa sortie au
début de l’année 2018. Ce n’est qu’en octobre, quand il s’est vu décerner le
Prix du Roman Gay 2018, que ce roman m’est tombé dans les mains (pour être
totalement honnête, je suis allé le chercher moi-même dans les rayons de la
bibliothèque dans laquelle je travaille dans la seconde qui a suivi ma lecture
du palmarès de cette sixième édition du prix littéraire créé par les Éditions du Frigo). Il m’a fallu attendre encore plusieurs semaines avant de pouvoir
enfin le découvrir.
On suit dans ce premier roman du cinéaste Arthur Cahn le
jeune Paul Renard, treize ans, bientôt quatorze, qui rejoint depuis Paris la
maison de vacances de sa famille, en compagnie de ses parents et de Maude, sa
cadette âgée de huit ans. Sur place, ils retrouvent la tante Béné, qui passe
ses vacances dans la petite maison de la propriété avec son ami Hervé. Paul est
très rapidement troublé par celui-ci, et ce trouble se muera tout aussi vite en
un désir obsédant. Le petit Renard va
également faire la rencontre d’Arnaud, beau-fils du jardinier, que la famille
va régulièrement convier au cours du séjour.
Les vacances du petit
Renard est un roman qui nous présente les premiers vrais émois d’un jeune
adolescent homosexuel avec une finesse et une sensibilité qui font du bien.
Arthur Cahn rend compte de matière subtile de la montée progressive du désir de
son jeune personnage, favorisé par l’oisiveté offerte par les vacances à la
campagne. Le calme dans lequel évoluent les personnages s’oppose au
bouillonnement interne de Paul, dont la psychologie nous est offerte sans
lourdeur et sans cliché.
Plus que l’histoire, c’est l’ambiance qui m’a transporté
dans ce roman. Sans tomber dans des descriptions longues et détaillées, Arthur
Cahn parvient à installer son récit dans un décor que le lecteur peut se
représenter facilement et contempler à sa guise à travers le regard du jeune
adolescent. La lecture de ce livre m’a personnellement ramené à des films tels
que L’inconnu du lac d'Alain Guiraudie ou encore Jours de France de Jérôme Reybaud, dans lesquels la nature
s’impose aux yeux du spectateur tout comme elle s’impose dans l’esprit du
lecteur du roman, lequel partage avec le second film un autre point commun :
Grindr. Dans les deux cas, l’application
de rencontres est utilisées à la fois comme un moyen de fuite et de recherche.
Dans Jours de France, l’un des
protagonistes s’en sert pour fuir la monotonie de sa relation tandis son
compagnon l’utilise dans l’espoir de retrouver sa trace. Dans Les vacances du petit Renard, c’est Paul
qui use de l’application avec ces deux mêmes objectifs : fuir son trop
jeune âge et son apparence commune en s’inventant d’autres vies pour mieux
trouver l’objet de son désir. Au passage, il se trouvera également lui-même.
Je ne veux pas rentrer plus avant dans les détails car je ne
voudrais gâcher pour personne la lecture de ce roman, qui ne se dévore pas mais
se déguste.
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