Avis #47 : Jean Doux et le mystère de la disquette molle - Philippe Valette

On le sait, le mois de janvier, c'est celui des bonnes résolutions. J'ai décidé d'en prendre une, de celles qu'on espère ne pas abandonner dès le 2 : j'exhume de mes débuts chaotiques sur Bookstagram (en vrai, ce n'était pas si catastrophique, c'est juste qu'il m'a fallu comprendre que ce n'est pas parce qu'on n'a pas un nombre astronomique d'abonné.e.s qu'on ne peut pas prendre du plaisir à tenir un blog !) le #MercrediGraphique !

Dès mon arrivée sur la blogosphère, j'ai eu envie de m'encourager à lire des bandes dessinées (genre que j'affectionne sans vraiment m'y connaître et vers lequel je me tourne trop rarement) en choisissant de parler BD et romans graphiques tous les mercredis avec, le dernier mercredi du mois, un article bilan sur le blog.

Je réinstaure donc cette tradition ancestrale qui aura duré un mois dans sa première mouture. Et je commence fort avec un roman graphique à côté duquel j'ai bien failli passer : Jean Doux et le mystère de la disquette molle de Philippe Valette, paru chez Delcourt, dans la collection Tapas.

Je l'avais repéré à la Foire du livre de Bruxelles de 2017, à l'époque où une amie et moi souhaitions ouvrir notre librairie (projet avorté par mon engagement dans la bibliothèque dans laquelle je travaille actuellement). C'est un collègue qui m'a rappelé l'existence de cette BD en me disant qu'elle serait idéale pour le hashtag par lequel je regroupe sur Instagram les OLNIs que je croise : #ObjetLivresqueNonIdentifie. Il me l'a alors prêtée et, après l'avoir gardée trop longtemps sans la lire, je me suis enfin lancé.

Et que vous dire ? Je n'y connais quasiment rien en bande dessinée, ce qui fait que je ne saurais pas vous parler des aspects techniques. Mais là, je suis au moins en mesure de vous dire que cette « aventure en open space » est d'une drôlerie absolue !

On retrouve Jean Doux qui arrive « pile poil en retard » à son dernier jour de boulot de l'année, le 23 décembre 1994. Pas de bol, c'était justement le jour d'une réunion importante qui doit définir l'avenir de Privatek, l'entreprise spécialisée dans les broyeuses de documents pour laquelle il travaille. Et, décidément pas en veine, le pauvre Jean Doux est interrompu par plusieurs de ses collègues sur le chemin de la salle de réu ! Dépité par la tournure que prend sa journée, Jean Doux se cache dans le débarras pour en griller une et là, il trouve une mystérieuse disquette molle de 1976. Commence alors pour Jean Doux une enquête mouvementée qui pourrait bien le mettre en danger...

Ce roman graphique volumineux (il est non paginé, mais on doit se situer entre les 200 et 300 pages) est un bijou d'humour absurde et délicieusement rétro. Dans cette entreprise où tou.te.s les employé.e.s ont un prénom composé commençant par Jean.ne (jusqu'au chien de Jean-Yves qui s'appelle Jean-Iench), on est récompensé par une cravate de taille respectable et puni par l'obligation de la couper d'un certain nombre de centimètres, on trouve toutes les raisons pour ne pas travailler, on se fait des vannes potaches... Et tout est bon pour nous immerger dans un open space des années nonante : les expressions dépassées, l'esthétique geek et ringarde du dessin. En centrant l'action autour d'une disquette molle, jugée comme un objet préhistorique par le héros et ses collègues, Philippe Valette inséré en plus un caractère réflexif des plus amusants son récit, lequel atteint son paroxysme quand les personnages se demandent si on rira un jour de leur époque !

À mesure que les pages se tournent, l'histoire prend des allures d'aventure d'Indiana Jones et pourtant, tout se tient, le scénario est d'une cohérence à toute épreuve. Ça n'en est donc que plus réjouissant !

Un vrai bon coup de cœur pour ce qui aura été ma dernière lecture de 2019, un final en apothéose qui me laisse espérer que 2020 sera une année de découvertes explosives !

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