Avis #50 : Sous le signe du grand chien - Anja Dahle Øverbye

Pour ce deuxième #MercrediGraphique, je vous présente le premier roman graphique de la norvégienne Anja Dahle Øverbye : Sous le signe du grand chien, édité en France par les Éditions çà et là et que j'ai reçu via la masse critique de Babelio. Je tiens donc à remercier chaleureusement la maison d'édition et Babelio pour cette jolie découverte.

La bande dessinée raconte l'histoire d'Anne, jeune fille qui est dans cet entre-deux qui annonce la fin de l'enfance et les premiers instants de l'adolescence. On la suit tout un été, pendant les "jours du grand chien", période de la mi-juillet à la mi-août au cours de laquelle une chaleur étouffante s'abat sur la Norvège. La jeune fille oscille sans cesse entre le désir d'être acceptée des autres filles de son âge et l'envie de profiter de son enfance comme elle l'entend. Dans une série de scènes qui s'enchaînent comme de petits épisodes de son été, Anne voit sa meilleure amie Mariell s'éloigner progressivement d'elle, préfèrant Karianne, plus âgée et donc sans doute plus intéressante à la jeune Anne, qui est toujours trop enfant. Elle va subir les railleries cruelles de Mariell, Karianne et des autres adolescent.e.s de son entourage.

Avec ce roman graphique, l'autrice-illustratrice signe un récit qui explore avec justesse les tiraillements de l'adolescence qui mènent parfois au harcèlement, qu'il soit physique ou moral : faut-il vraiment s'accrocher à des personnes qui ne veulent pas de votre compagnie ? Faut-il tout faire pour s'intégrer dans un groupe ? Faut-il tout accepter des autres ? Je dois cependant reconnaître que, malgré une ambiance générale qui nous approche du malaise, j'ai eu la légère impression qu'Anja Dahle Øverbye n'était pas allée au bout des choses. Le récit m'a semblé rester sur une note égale tout du long, il m'a manqué une augmentation progressive de la tension narrative. Par ailleurs, je n'ai pas ressenti dans les dessins la chaleur caniculaire mentionnée par la quatrième de couverture.

Sous le signe du grand chien n'en reste pas moins intéressant. Il se dégage de cette œuvre un charme particulier. Les illustrations au crayon ajoutent de la profondeur à l'ambiance légèrement malsaine qui résulte des relations qu'entretiennent les adolescentes en même temps qu'elles accentuent les émotions qui traversent les personnages. J'ai été particulièrement sensible aux choix de cadrage opérés par l'autrice, qui viennent renforcer l'expressivité du dessin. La nature norvégienne est somptueusement représentée pour servir de décor aux conflits adolescents, s'harmonisant à merveille avec la langueur qui émane du roman graphique.

Une très belle découverte donc, qui me fera être au rendez-vous quand sortira le deuxième roman graphique d'Anja Dahle Øverbye, à paraître en 2020, toujours aux éditions çà et là.

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