Avis #54 : Insulaires : petites histoires de Groix - Prosperi Buri

Je suis actuellement en train de rattraper mon retard de publication sur le blog. J'ai donc quelque peu laissé de côté le #MercrediGraphique sur le blog (mais il est bel et bien toujours d'actualité sur Instagram !). Certaines BDs lues dans ce cadre n'ont pas fait l'objet d'un retour assez détaillé pour que j'y consacre un article sur le blog. Je prendrai sans doute la peine de les mentionner prochainement (qui est une notion très relative pour moi et qui peut donc s'éterniser) dans un billet.

Pour l'heure, je vous propose de (re)découvrir Insulaires : petites histoires de Groix par Prosperi Buri, paru aux éditions Warum. Il s'agit de la bande dessinée sélectionnée par Davanhzoo pour la Chaussette géante de Noël. Je dois donc d'abord remercier chaleureusement Davanh pour cette trouvaille à côté de laquelle je serais à coup sûr passé sans elle. L'objet-livre, beau comme une de ces vieilles boîtes en métal qui renfermaient des biscuits bretons, ou comme une vieille boîte de thon - deux objets qui correspondent assez bien à l'esprit de la bande dessinée - m'a directement mis en appétit et correspondait parfaitement au temps des fêtes.

Sortie en 2017, cette BD au format (presque) carré est un recueil d'anecdotes liées aux habitant·es de Groix, petite île bretonne, et à leur histoire.

On y découvre notamment la légende de la korrigez sorte de sirène mangeuse d'homme qui aurait pu servir d'excuse aux jeunes filles pour se débarrasser d'enfants non désiré.es, des anecdotes historiques, des planches sur les croyances liées aux différents lieux du « Caillou », l'histoire d'une épidémie de dysenterie difficile à endiguer... Prosperi Buri pose sur son île un regard tendre et bourré d'humour, qui se manifeste par ses illustrations en noir et blanc délicieusement vintage qui fonctionnent à merveille avec le sujet de la bande-dessinée. J'ai pris énormément de plaisir à découvrir cette île où les filles-mères profitent d'une légende urbaine pour se défaire de leurs enfants ; où les marins peuvent mettre deux jours à parcourir le chemin du port à leur village parce qu'il y a une quinzaine de bistrots sur le chemin ; où les femmes font sécher des bouses de vaches sur leur façade en attendant de voir si leurs maris, leurs frères, leurs fils vont rentrer de la pêche ; où le Conseil municipal et l'Académie des sciences se réunissent autour de l'alcool qui coule à flot pour traiter d'affaires sérieuses...

L'auteur-illustrateur nous fait voyager dans la Bretagne que j'aime : celle où la nature se fait sauvage et mystérieuse. Les décors y apparaissent aussi expressifs que les personnages, prenant vie à chaque page pour notre plus grand plaisir.

Une très jolie découverte donc, où la drôlerie se glisse dans les détails et peut surgir, un peu comme la mort - très présente sur l'île de Groix -, là où on ne s'y attend pas.

Commentaires

Articles les plus consultés