Avis #85 : Le consentement - Vanessa Springora

Je remonte le fil de mes dernières lectures et je devais en toute logique vous parlez d'un récit qui a fait beaucoup de bruit à sa publication en janvier dernier : Le consentement de Vanessa Springora, aux éditions Grasset.

Mais je ne trouve pas les mots. Parce que j'ai l'impression que tout à déjà été dit. Que le retentissement de cette affaire, qui a enfin vu arriver la remise en cause du comportement de l'écrivain, éclairé par ce témoignage sans compromis mais d'une belle qualité littéraire, a montré plus que ce qu'on pourrait en dire.

Le texte de Vanessa Springora, qui décide de prendre son bourreau à son propre jeu en l'enfermant dans un livre, comme il l'a enfermée des décennies plus tôt, alors qu'elle n'avait que quinze ans (et elle en avait treize lors de leur première rencontre), la dépossédant à la fois de sa jeunesse et de son identité, ce texte est aussi effrayant qu'édifiant. Parce qu'il montre à quel point on peut parfois se laisser aveugler par des conventions sociales, des discours, nos convictions. 

Et je ne parle pas forcément de la jeune fille qui, heureuse d'être enfin regardée, admirée, s'est embarquée avec un plaisir non dissimulé dans une histoire qui ne pouvait que la blesser. Je parle de l'entourage, je parle du public, je parle sans doute aussi de G.M. lui-même. Je parle de Barthes, de Beauvoir, de Sartre, et des autres qui ont signé des tribunes et des pétitions dans les années septante pour s'insurger des condamnations d'adultes ayant eu des « relations consenties » avec des mineurs d'âge. Je parle des émissions de télé qui ont joué le jeu de GM, s'en amusant gentiment sans jamais le contester.

Et je parle peut-être de nous, lecteurs et lectrices de tous horizons, citoyennes et citoyens, qui sommes parfois prêt·es à excuser certains comportement selon des critères qui nous sont propres. Et je parle peut-être de moi, gauchiasse convaincue, qui me rendrai peut-être compte que un jour - pourvu que je m'en rende compte si tel est le cas - qu'en pensant défendre un noble point de vue, j'aurai en fait défendu l'indéfendable.

Bref, je n'ai pas les mots pour parler de ce récit, mais lisez-le. Pour comprendre, pour prendre conscience. Pour s'indigner, pour condamner. Pour saluer le courage de Vanessa Springora, pour soutenir les victimes silencieuses. Lisez-le.

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