Avis #98 : Peau d'homme - Hubert et Zanzim

Il était temps que je le lise, ce roman graphique scénarisé par Hubert et illustré et colorisé par Zanzim ! Publié chez Glénat, Peau d'homme a déjà séduit de nombreuses personnes et, comme on me l'avait prédit, a également eu un grand impact sur moi !

Peau d'homme, c'est un conte qui prend place dans la Renaissance italienne où l'on découvre Bianca, qui s'apprête à être mariée à Giovanni et qui regrette de ne pas au moins avoir le droit de connaître son fiancé avant le mariage. Sa marraine lui confie alors la peau d'homme que les filles de la famille se passent de génération en génération pour découvrir le monde des hommes avant de devenir des femmes. Bianca se glisse dans la peau de Lorenzo pour apprendre à connaître Giovanni ; elle découvre alors les privilèges accordés aux hommes en même temps que les deux jeunes hommes tombent éperdument amoureux l'un de l'autre.

Peau d'homme, c'est un roman graphique habile qui transpose dans une autre époque les questions qui traversent la société actuellement : l'équité des genres, le contrôle du corps de la femme, la place des personnes queer dans notre société. L'idée est ingénieuse puisqu'elle montre que, malgré ce qu'on a tendance à penser, ces questionnements ne sont pas nouveaux, ne résultent donc pas nécessairement d'un effet de mode et que, même si les façons de faire sont différentes, les situations ne le sont pas forcément.

Qu'on ne s'y trompe pas, Peau d'homme n'est pas un roman graphique historique. Au contraire, la façon de parler des personnages est extrêmement proches de la nôtre mais certains éléments rapprochent l'histoire de Bianca de la grande Histoire. Son frère, Fra Angelo, prédicateur qui se hisse au pouvoir pour imposer sa loi sur la ville ressemble à la figure historique de Jérôme Savonarole. C'est ce qui fait sa force selon moi, ce léger flou qui offre au conte d'Hubert et Zanzim un caractère intemporel tout en correspondant parfaitement à notre temps.

Les illustrations de Zanzim sont d'une grande délicatesse. Les traits simples qui dessinent les personnages donnent au récit un caractère onirique et sensuel (le rêve de Bianca, dans lequel Giovanni la déshabille jusqu'à lui enlever sa peau de femme et dévoiler Lorenzo est d'une beauté rare et m'est allé droit au cœur) qui colle parfaitement avec le genre du conte. L'objet livre, par le travail soigneux apporte à la couleur et son grand format, est d'ailleurs particulièrement élégant.

Peau d'homme est donc un joli coup de cœur pour moi, que je relirai avec plaisir !