Avis #91 : L'innocence des bourreaux - Barbara Abel

Alors que la troisième semaine du défi Belgique Terre Littéraire est sur le point de débuter, je vous parle de L'innocence des bourreaux de Barbara Abel, dans son édition Pocket. Enfin ! Enfin, j'ai lu un roman de Barbara Abel ! Et c'était clairement le principal objectif de la création du BTL l'année dernière : lire des auteurs et autrices belges souvent considéré·es comme incontournables et dont je n'avais encore jamais rien lu.

J'avais demandé, en préparant cette nouvelle édition du challenge, de me conseiller un livre de Barbara Abel pour découvrir son œuvre. Le dyptique Derrière la haine / Après la fin est beaucoup ressorti, mais il y avait quelque chose dans le résumé de L'innocence des bourreaux qui titillait dangereusement ma curiosité. Ce roman raconte une prise d'otages dans une supérette. Toutes les personnes qui s'y trouvent, braqueur compris, n'auraient a priori pas dû y être. Elles ne doivent leur présence sur les lieux à ce moment précis qu'à un concours de circonstance. Alors que le braquage aurait pu ne durer que quelques minutes, tout bascule et la situation dégénère rapidement.

Impossible d'en dire plus sans gâcher le plaisir de découvrir ce qu'il se passe dans ce roman que vous pouvez difficilement lâcher après l'avoir commencé. (Je l'ai bel et bien lâché à plusieurs reprises : apparemment le suspense d'un roman n'est pas une excuse valable pour déroger à ses responsabilités professionnelles.) Le fait que le roman relate une prise d'otages au cours de laquelle « entre victimes et bourreaux, la frontière devient mince » (c'est la 4e de couv. qui le dit) m'a décidé à me plonger dedans. J'avais un très bon souvenir d'un autre roman de prise d'otages, Le bus de Madeleine Robitaille, et j'avais très envie de voir de quelles cruautés étaient capables les personnages abeliens. Et je n'ai pas été déçu !

Est-ce que tous les rebondissements du roman sont imprévisibles ? Peut-être pas. Mais sont-ils efficaces ? Assurément ! Barbara Abel maîtrise la tension à la perfection et ce ne sont pas les quelques expressions un poil surutilisées (dans L'innocence des bourreaux, on « pare au plus pressé » et les chose se font « en tapinois ») qui vont l'empêcher de monter. Chaque personnage possède son propre arc narratif qui va l'amener à se comporter de telle ou telle manière et révèle par ses actions ou ses pensées la part sombre que nous pouvons porter en chacun de nous. On peut les comprendre dans ce qu'ils ont de pire, et c'est sans doute là le plus terrible dans ce roman. La frontière entre le bien et le mal est poreuse, floue.

Je ne veux rien dire de plus sur ce roman, si ce n'est que ce ne sera définitivement pas le dernier que je lirai de l'autrice !

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